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Interview Tex Lacroix part 1

Bonjour Tex présente toi en quelques mots ?
Je m’appelle Tex j’ai 48 ans, je travaille pour la marque Wrung au département marketing et communication. Je suis aussi DJ’s, j’organise des soirées et je suis un fan de basket et de la marque Raph Lauren.

Par quel biais es-tu venu à la basket ? Est-ce par le sport, la curiosité du moment ?
Comme j’ai l’habitude de dire, je fais partie de la première génération qui a porté des baskets en dehors du sport. Je n’ai jamais été un sportif, les baskets pour moi ont toujours fait partie de mon style. A l’époque du collège fin des années 70, début des années 80, je commençais à porter des Stan Smith dans la vie de tous les jours. C’était vécu par nos parents comme une hérésie. Ils étaient relativement inquiets et désemparés face à cette nouvelle mode. Souvent ma mère me disait « tu mets tout le temps des baskets, mais quand il te faudra aller travailler et porter des chaussures, tu ne pourras pas, tu n’en auras plus l’habitude … ce n’est pas bien, c’est pour le sport ». Aujourd’hui, je travaille et je continue toujours à mettre des baskets.

En parlant de basket, est-ce qu’il y a un sportif tout sports confondus qui t’a inspiré au début quand tu as commencé à porter des basket ? Ou bien as-tu juste porté les modèles qui te plaisaient ?
Au début les Adidas Nastase m’intéressaient vraiment. J’étais un vrai fan du joueur mais surtout du personnage, c’était pour moi un des derniers tennisman à avoir une aura. C’était pas juste un mec qui renvoyait des balles pendant trois heures… les Adidas Arthur Ashe , les Stan Smith, et les Rod Laver trouvaient aussi grâce à mes yeux. Par la suite, il y a eu Jordan, Bo Jackson mais à ce moment-là j’étais déjà dans la basket.

Quelle a été ta première paire ?
C’est très simple ma première paire a été une Stan Smith, du moins c’est celle dont je me rappelle. J’ai dû avoir avant également des sans marques ou des Adidas 4 bandes . Mais la Stan Smith fut la première paire que j’ai vraiment voulu…

Parle-le nous de ton histoire avec la Nike Air Force One ? Car tu es un des premiers à l’avoir popularisée en France ?
En fait j’ai commencé à aller à New York assez tôt dès 1990, c’était une paire assez difficile à trouver aux Etats-Unis. De plus à cette époque, j’étais plus attiré par la nouveauté et les paires techniques. Puis au fur et à mesure en revenant à New York, je me suis rendu compte que la AF1 était le produit qui me correspondait le plus.. la White on White  frôlait pour moi la perfection, car elle se mariait ou matchait facilement, de plus je trouvais son design sobre et élégant. La légende veut qu’au départ, je préférais la High qui fut ma toute première AF1 car j’étais en mode grosse basket je dirais.. et puis la low est devenue mon beater par la suite.

Etais-tu conscient que porter une telle paire au début des années 90 à Paris te faisait passer pour un OVNI ?
De toutes les façons j’ai toujours eu l’habitude de passer pour un OVNI, ça m’a jamais trop dérangé. Au quartier tout le monde portait des Stan Smith ou du Lacoste et nous on arrivait avec des grosses baskets, des gros blousons et des baggys, c’est clair qu’il y avait un décalage. On nous prenait pour des fous…Pour en revenir à la AF1, personnellement j’ai toujours aimé être moi-même, je n’ai jamais suivi la masse, que ça soit dans mon style vestimentaire ou dans ce que je fais, et naturellement en ce qui concerne les baskets. J’ai toujours aimé me démarquer et avoir ce coté exclusif, donc c’est pour cela que je trouvais la AF1 unique  car elle correspondait à ma personnalité et que peu de personnes la portaient à l’époque. Par la suite quand je me suis intéressé à l’histoire de ce produit, j’ai réalisé que cette paire, au demeurant simple, permettait une multitude de déclinaisons aux niveaux des matériaux utilisés. Même pour la hauteur, on a le choix entre une basse, une mid et une haute. Comme tout amateur de basket la simple possibilité d’avoir un tel choix était impressionnant. Si je devais qualifier cette paire, elle est pour moi comme un éternel  recommencement. Une déclinaison à l’infinie… Voilà pourquoi j’ai kiffé et que je continuerai toujours à kiffer cette paire.

Que peux-tu nous dire sur la culture sneakers en France dans les années 80 ?
Pour moi dans les années 80 la culture sneaker n’existait pas. Ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs. Je dirais plutôt que la basket est arrivée avec l’explosion de la culture hip hop à partir de 1986… Et à ce moment-là on utilisait même pas le terme sneaker. De plus l’offre était trop légère en France pour parler de culture à proprement dit, c’était une assemblée de « sneakerophiles ». Par contre il y avait bien quelques mecs qui étaient des stylés du hip hop qui avaient le réseau et savaient où aller  pour trouver les plans basket. Par exemple à Bruxelles il y avait déjà des Foot Locker et Athlete foot avant Paris, donc on en profitait quand on partait pour des battles hip hop. Autre exemple, on pouvait aussi récupérer des paires par ceux qui effectuaient leur service militaire en Allemagne sur les bases militaires Americaines, c’est de cette façon-là que j’ai récuperé mes Jordan IV et mon premier survet Flight, et en plus c’était moins cher. On faisait la même chose quand on allait sur Londres en virée pour un concert, on profitait de faire les boutiques après, afin de dénicher les derniers modèles avant de revenir sur Paris. C’était vraiment quelque chose d’informel. Il y avait aussi ceux qui avaient la chance d’aller à New York, le vrai temple de la basket. Pour ma part la première fois où j’y suis allé, j’ai dû rapporter près d’une cinquantaine de paires. Tout cela concourt à dire qu’en France on vivait la naissance d’un phénomène.

Justement, que penses-tu aujourd’hui de l’établissement de cette culture au travers de l’évolution des boutiques et des habitudes de consommation, notamment celles des sneaker addict ?
Pour moi le terme sneaker addict est galvaudé, il ne veut plus rien dire. Il a été vidé de sa substance. Le seul fait d’acheter des sneakers fait de toi un sneaker addict !!!! Non tu es juste un consommateur de sneaker. On est vraiment dans la sneaker consommation. Si jamais l’on venait à m’appeler ainsi, je me sentirais offensé. Quand on aime la sneaker, on est capable d’apprécier autant un modèle qui sort de chez André et qui  peut être intéressant et joli à porter,  que la dernière collab’ de chez Colette. On sait très bien que la majeure partie des gens qui campent devant les boutiques des marques sont motivés par les bénéfices qu’ils peuvent tirer de la revente des paires. La sneaker est devenu un moyen comme un autre de se faire de l’argent… Personnellement je ne fustige pas ces gens-là, comme on dit « DON’T HATE THE PLAYERS, HATE THE GAME »… c’est le GAME qui veut ça. Certains vivent de ce business-là, d’autres ont la possibilité de faire des trades pour pouvoir acquérir les paires qu’ils convoitent. Au final presque que tout le monde y trouve son compte.

Rendez-vous prochainement pour la part 2 de cette interview en trois volets….. STAY TUNED.

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S.A

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