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Interview de Yacine – Oqium Paris

Nous sommes allé à la rencontre de Yacine de la boutique Oqium situé à Paris.

Bonjour Yacine, présente-toi en quelques mots…
Bonjour Max, je fais parti du groupe Oqium. Nous l’avons créé à trois en 2001, nous sommes toujours trois et fiers d’avoir passé tout ce temps-là dans la sneakers culture, et d’avoir pu perdurer et rester authentiques malgré les aléas économiques, ou les évolutions récentes du marché de la sneakers et de sa clientèle.

Tu as un shop dédié sneakers, comment t’es venue l’idée d’ouvrir cette boutique ? pourquoi un tel choix ?
Notre première motivation a été la passion que nous avons pour la sneaker. On a commencé à collectionner les paires, et on les voulait toujours neuves ! Donc à force de doubler nos paires, on s’est retrouvé à la tête d’une belle collection que l’on a voulu partager en créant le musée, puis en ouvrant une boutique spécialisée, qui nous représente, dédiée à cette culture. Voilà comment est née l’idée d’Oqium.

Qui sont tes clients ? Ta clientèle est-elle composée uniquement de passionnés, sportifs et basketteurs, ou t’adresses-tu à un public plus large ?
Au démarrage notre clientèle était composée d’aficonados, avertis et connaisseurs. Au fil du temps le sneaker game s’est démocratisé, le scope s’est élargi, aux femmes par exemple, ou à ceux qui cherchent des modèles sympa mais qui n’accordent pas d’importance à l’histoire des paires. Que cela plaise ou non aux « puristes », cela fait partie du business, c’est une évolution que nous ne pouvons négliger. On a un public fidèle de collectionneurs depuis que l’on est ouvert ; et il y a une clientèle de passage, qui vient chercher un produit en particulier, une paire qui leur plait depuis qu’ils sont jeunes et ne veulent que cette paire-là. Il y a ceux qui suivent la carrière de Jordan ou bien qui suivent l’histoire de la marque depuis le début.

Tes concurrents sont notamment les grosses enseignes de sport, comment arrives-tu à tirer ton épingle du jeu face à ces rouleaux compresseurs ? (proposes-tu une offre différente ?)

C’est de plus en plus difficile j’avoue, surtout quand tu vois que des Footlocker ouvrent des House of Hoops, boutiques à l’image de nos shops indépendants, pour pouvoir adhérer à des programmes spéciaux comme le QuickStrike Jordan, cela devient difficile pour nous de rivaliser. Pour le consommateur ce n’était pas le positionnement de ces enseignes que de faire des séries limitées etc. C’est maintenant le cas, et nous on doit faire avec ! Par contre beaucoup de consommateurs préfèrent encore venir dans nos petites boutiques, où l’on peut avoir un vrai échange sur les paires et les produits. Ca le change des grosses enseignes mastodontes leaders de l’économie footwear et sneakers.


Organises-tu des events dans ta boutique ? Quel a été le dernier en date ? En prévois-tu de nouveaux ?
Oui, on essaie d’en faire le plus possible ! C’est toujours important pour nous. C’est dur de pouvoir les créer car il faut que les marques suivent, il faut avoir les budgets et Nike est souvent sollicité pour ce type d’événements. Mais notre plus grand kif est que les gens puissent venir, se réunir, parler de leur passion ou simplement de tout et de rien ! C’était plus facile à organiser il y a quelques années car il y avait plus d’exclusivités, mais maintenant les paires sont disséminées un peu partout. On prévoit néanmoins de faire des events pour les sorties importantes comme la Jordan IV Bred, la XI Bred, … Mais c’est difficile de tout organiser de front tout en gardant la boutique ouverte pendant l’event, de vendre à coté, etc… On ne peut pas bloquer la boutique juste pour un event. Mais tant que les gens se recontrent c’est le plus important pour nous !

Etant que distributeur trouves-tu que l’offre des marques a évolué ? le look est-il privilégié au détriment de la qualité technique des paires ?
Beaucoup de clients me parlent de la couleur OG qui a changé ! De plus la qualité des matériaux n’est plus la même. Les marques veulent réduire les coûts, donc les sous-traitants mettent des produits de moins bonne qualité. Les séries limitées des années 90 étaient faites avec des matériaux d’exception, des cuirs véritables, etc…Aujourd’hui la technique a évolué, les marques proposent des matériaux synthétiques, il n’y a plus de réalisations utilisant des matériaux « artisanaux », sauf exception pour quelques séries limitées, Made in Italy par exemple, qui seront accompagnées d’une grosse promo du fait même de cette rareté.

Est-ce que ta clientèle s’est élargie avec l’engouement pour les sneakers ? Est-ce que l’on te demande des produits particuliers (marques spécifiques, ou marques de luxe présents aussi dans la sneakers…) ?
Ma clientèle a énormément évolué. On est plus dans un registre de collectionneurs qui prennent leur temps. Les kids sont dans une consommation acharnée, ils veulent acheter, porter tout de suite, revendre, racheter une autre. Il y a dix ans, chaque produit avait son histoire, sa valeur. Aujourd’hui la consommation reflète la société, tout va vite.
Pour ce qui est des marques de luxe, nous n’en proposons pas. Elles restent dans un registre particulier. Nous ne nous positionnons pas sur ce marché.

Question pour les novices : Est ce que les paires rétro sorties aujourd’hui par les marques continuent d’être des produits sportifs et techniques, ou est-ce qu’elles ne sont que des produits street wear ? En clair, puis-je jouer et être performant sur un terrain avec une paire de Jordan VI Infra Red ou Reebok Bring Back, ou dois-je me contenter des dancefloors ?
Si on parle de rétro, je ne conseillerai à personne de jouer avec ! La technologie a évolué. Les marques créent des paires pour jouer technologiquement très abouties (technologies Lunar ou Zoom), et la rétro reste dans un registre lifestyle agréable à porter. C’est sûr que smasher avec une Jordan IV rappelle des souvenirs à beaucoup mais quand tu atterris, tu as les ampoules qui vont avec !

En plus d’être amateur de basket, est ce que tu es également amateur de sneakers ? Quelles sont tes paires favorites ?
Je reste un nostalgique, un papi qui fait de la résistance, donc mes paires favorites sont les limited editions des années 90. En terme de Jordan, je reste entre 1988 et 1992. Il y a bien sûr des choses intéressantes qui sortent aujourd’hui, mais cela me parle moins à titre perso.

Que penses-tu de la démarche de Sneakersculture ?
Je supporterai tout le temps cette démarche. C’est important de cultiver cette culture, et qu’elle ne soit pas galvaudée avec des publicités comme celles de Footlocker (pour ne pas les citer), que l’on voit partout et qui tentent de surfer sur cette culture.
Les Sneakers addicts sont des gens avertis, et les nouveaux amateurs se doivent de connaître cette culture, d’être bien informés. Ce milieu ne doit pas se banaliser comme un terrain de consommation compulsive. C’est une bonne démarche menée par des connaisseurs. On perd son âme lorsque l’on fait des sites pour faire le buzz, ou pour qu’une marque vienne y faire de la publicité juste pour le business… même s’il est partout ! Ce n’est plus la même démarche. J’apprécie l’authenticité de la démarche de Sneakers Cutlure.

Opium Store Paris
9, RUE DU CYGNE
75001 paris
tel : 01.42.33.55.83
Horaires d’ouverture de 11h à 20h
http://www.oqiumstore.com/

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