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La folie de la Yeezy 2 sous le pinceau de Jordan Samper

Bonjour Jordan Samper, presente-toi en quelques mots ?
Je suis Jordan Samper, j’ai 34 ans je suis peintre. Je réalise des portraits depuis 10 ans et depuis peu j’ai souhaité ouvrir mon art à ma passion pour la basket qui perdure depuis mon adolescence. Ces dernières années j’ai investi beaucoup de temps à peindre des portraits, et au bout d’un moment j’ai voulu changer de routine et de thématique. Il était temps pour moi de me tourner vers autre chose et la sneaker me paraissait être un nouveau sujet qui avait autant de force et d’intérêt à mes yeux.

Raconte-nous ton histoire avec la sneaker ? Par quel biais es-tu venu à la sneaker ?
Mon histoire avec la basket s’est nourri de mes années collège et lycée. J’ai vécu l’âge d’or de la basket. Le partage entre potes avec l’arrivée d’une nouvelle basket, d’une nouvelle technologie qui étaient le témoin d’une époque par ses matériaux ses couleurs. J’étais peu sensible à l’univers du sport, pour moi la basket était avant tout quelque chose d’esthétique et vecteur d’émotions et de bien être.

Tu es également fan de cinéma, quel parallèle peux-tu établir entre la sneaker et le 7 ème art ?
Je suis très pointilleux et je suis toujours à observer les moindres détails d’ordre physique ou vestimentaire. Le cinéma reflète et témoigne de chaque époque à travers ces détails. Ils contribuent à recréer un univers. En général on y retrouve les sujets, les conversations les baskets, les fringues de l’époque et tout ceci entretient chez moi une certaine nostalgie.

En parlant de 7 ème art donne-moi un exemple d’un souvenir d’une basket dans un film ?
Pour moi le film de Robert Zemeckis « Retour vers le futur » est l’exemple parfait. Quand nous, à l’époque, nous avions de belles basket, là à l’écran on tapait dans quelque chose de jamais vu technologiquement avec la Mac Fly. La mise en scène était incroyable, on y n’aurait jamais pensé, ce film fut tellement culte et avant-gardiste que ça a été un déclic et une révélation pour moi.

Récemment tu as peint une toile avec comme sujet la Yezzy II, pourrais-tu nous expliquer ta démarche ? Qu’ as-tu voulu souligner ?
Ma démarche au sens pictural du terme est que lorsque je me suis recentré sur la sneaker, c’était pour moi l’occasion de réaliser des toiles moins détaillées que mes portraits qui me prenaient énormément de temps. C’était l’occasion de faire des aplats de couleurs, de faire des puzzles de grandes pièces colorées et esthétiques. Mais au final par rapport à ce que je souhaitais représenter et le travail de ma peinture, je m’aperçois avec le temps que je tombe dans les mêmes travers du début. Je détaille de plus en plus alors que c’est exactement ce que je ne voulais plus faire, ça répond chez moi à un besoin et à une envie.

Pour revenir à ma dernière peinture et à sa thématique, il me fallait cette notion du détail afin de ne pas avoir à faire quelque chose de trop simpliste, il a donc fallu que je trouve un juste milieu pour pouvoir amener mon idée et pouvoir réaliser quelque chose de concret qui ait un sens. La sortie de la Yeezy II fut un électrochoc. Je m’explique… toutes les relations ou les amis avec qui j’échangeais depuis des mois, voire des années, ont changé d’humeur, de comportement et de caractère avec l’effervescence qui entourait la sortie de cette paire. Tout le monde voulait sa paire mais pas forcément pour les bonnes raisons. Certains la voulaient pour la posseder et se l’approprier, et beaucoup d’autres souhaitaient s’en débarrasser à très bon prix… Les enchères sont vite montées et pour moi on s’éloignait de l’amour de la basket pour revenir à des fins plus lucratives…On a atteint un nouveau pic dans l’histoire de la basket car manifestement on ne s’adressait plus à des gens qui aimaient la basket, mais à des gens qui aimaient le fric.

Décris-nous ta peinture, pourquoi avoir fait ce fond noir, pourquoi ces deux seuls éléments sur la toile, on ressent une violence qui se dégage dans ce mélange de mains avides ?
Le noir n’est pas qu’une couleur, c’est aussi pour moi un état. La toile est violente car je pense que la sortie de la paire et le phénomène « Yeezy » l’ont été. Cette mise en scène représente ce que la sortie de la Yeezy 2 m’a inspiré en juin 2012. J’ai voulu que cette peinture soit la plus simple possible dans sa lecture. Sur fond d’un noir ténébreux, deux éléments distincts se découpent dans la lumière. Coté gauche, la chaussure incarne l’objet de convoitise. Lumineuse, élégante, elle attire l’œil et l’excite. Elle ressort sur la toile, unique comme défiant ceux qui la désirent. Coté droit, l’Envie se matérialise par une horde de mains tendues vers cet objet du désir. La violence et la tension sont palpables. Cette frénésie chaotique se propage et a pour unique finalité la possession par tous les moyens. La montre au poignet symbolise justement une sorte de course contre la montre, qui renforce ce sentiment de perte de contrôle, c’est une véritable ébullition. J’ai choisi des mains de zombies pour signifier la perte de toute conscience. Le mal dont ils souffrent est terriblement contagieux. Cette envie n’est pas saine, nous ne sommes pas dans un rapport « amoureux ». Ces mains sont prêtes à tout ! Le combat est inégal et perdu d’avance ! Cette masse frénétique telle une gueule ouverte, finira par happer la paire…

Découvrez son travail sur son site web: http://jordan.samper.free.fr/

S.A

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