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Agassi fait basculer Nike dans une autre ère…

Savez-vous quel est le point commun entre l’album Wind of change du groupe Scorpions, la victoire de Ayrton Senna au championnat de formule 1, la diffusion de la série américaine 21 jump streets et le lancement sur le câble de la chaîne Jimmy, ou encore le succès du blockbuster de l’année « Maman, j’ai raté l’avion » ?

Réponse, tous ces événements se sont produits en 1990, soit exactement la même année que la sortie de la Nike Air Tech Challenge 2 Hot lava.

Si le parallèle peut vous semble farfelu, il est à la dimension de l’influence que ce modèle a eu sur le marché de la tennis shoes dans le début des années 90.

Un petit rappel des faits s’impose. Dans les années 70-80 le tennis est un sport ultra populaire dans le monde entier. Diffusé à la télévision, il bénéficie de larges audiences grâce aux quatre tournois du Grand Chelem que sont l’Open d’Australie, Rolland Garros, Wimbledon, et l’US Open. Rappelons que les joueurs de Tennis des années 80 tels que Bjorn Borg en Fila, Ivan Lendl en Adidas, ou John Mc Enroe avec sa Mc Attack sont des stars incontestées. Les équipementiers se bousculent pour fabriquer leurs pro model afin de donner de la visibilité à leurs produits. S’identifiant à leurs idoles, jeunes et moins jeunes se mettent à jouer au tennis et à porter des tennis. Car on parle bien de « tennis » à l’époque et non de « baskets » pour désigner les sneakers. Les paires emblématiques de l’époque sont les Adidas Nastase et Stan Smith. Le Tennis dans les années 70-80 est alors une véritable locomotive pour l’industrie du footwear, ce n’est qu’à partir des années 90 que la « tennis » au sens populaire du terme deviendra la « basket », avec l’expansion de la NBA, la puissante ligue de basket américain. Le tennis continue d’avoir ses aficionados et de faire vibrer ses fans, avec notamment l’arrivée sur les courts de jeunes joueurs qui deviendront rapidement très bankables pour leurs équipementiers, comme Michael Chang, Boris Becker et notamment André Agassi… Le marketing sportif entre dans une nouvelle ère, dans laquelle les sportifs deviennent des icônes mondiales… Plus rien ne sera jamais comme avant.

Nike Air Tech Challenge 1

C’est dans ce contexte que Nike met sur le marché une nouvelle version de sa Nike Air Tech Challenge sortie en 1988 et portée par la star montante du tennis américain, un certain André Agassi, qui réalise l’exploit de figurer parmi le top 3 mondial après seulement une année de présence sur le circuit ATP.

Depuis son arrivée sur les courts de tennis, Agassi impose son jeu et son style vestimentaire très coloré et inédit dans ce sport aux codes très strictes et classiques. Cheveux longs, bandeaux, shorts en jean, t-shirts multicolores et cyclistes fluos sous le short, Agassi innove, divise, et ne laisse personne indifférent. Mais son niveau et son style de jeu ont vite fait de faire taire ses détracteurs. En effet, il est au départ réputé comme un cogneur de fond de court peu réfléchi. Il retourne chaque balle en frappant le plus fort possible, aussi bien en coup droit qu’en revers, quadrillant le terrain et perturbant ainsi le jeu d’adversaires plus classiques, au style de jeu plus léché, se finissant souvent à la volée. Au final son jeu était bien plus réfléchi qu’il n’y parait. Fort de ses victoires, il finit par imposer sa personnalité et son style, et conquérir un public plus jeune et plus moderne, dans le milieu tennistique comme en dehors. Agassi n’a que 18 ans, lorsque Nike le signe en 1988. Son ascension et l’empreinte qu’il laissera dans l’histoire du tennis ne se feront pas sans la marque.

En 1990, Nike créé pour Agassi à l’occasion du tournoi de Rolland Garros à Paris, la Nike Air Tech Challenge 2 Hot lava au coloris flashy… Elle est désignée par le prolifique design produit Tinker Hatfield. D’un point de vue technique, la paire s’inscrit dans continuité de ce que Nike développait pour le tennis depuis les années 80, à savoir un modèle mid cut.

Crédit Photo: vieilleecole

La midsole du modèle est dotée pour la première fois d’une unité air sole de type air max et d’un air unit à l’avant. En effet, André Agassi demanda à Nike des chaussures plus confortables avec plus d’amorti pour s’adapter aux différentes surfaces de jeu, mais également à la durée des matchs. En effet, l’évolution du jeu et l’arrivée massive de grands attaquants de fond de court au détriment des attaquants de volée, influent sur la durée des matches qui s’est de fait allongée. Agassi était un joueur de fond de court capable de parcourir sur un match en cinq sets l’équivalent d’un semi-marathon en fractionné ce qui induisait plus de déplacements, de rythmes et de jeu physique.

L’outsole de la Air Tech challenge 2 reprend le même design et que celle de la Air Tech challenge 1, à la différence qu’elle intègre le code couleur du modèle. La zone d’usure située à l’avant de l’outsole est en durathane, matériau adhérent et résistant à l’abrasion, confère une bonne stabilité au tennisman sur leurs appuis avant.

L’Empeigne est en cuir synthétique renforcé à l’avant avec des pièces et œillets plastiques, présents également sur le haut de l’empeigne, afin optimiser le maintien lors des déplacements latéraux.

Le seul changement apporté à l’ATC 1, est le code couleur hot lava mis en avant avec l’éclaté de peinture sur le coté, directement inspiré du revers d’André Agassi. Il s’agit d’une sorte éclaboussure évoquant l’impact de la balle sur le tamis de la raquette et la projection de terre battue lorsqu’elle percute le sol en pleine vitesse. Le coloris vif de la paire dénote dans le monde feutré du tennis, qui ne tolère pour seule couleur criarde que le jaune fluo de ses balles. Le modèle ne sortira que dans cet unique coloris.

En dépit de son apparence fantasque, André Agassi était très exigeant quant à la qualité et aux performances techniques de son équipement. Il exigeait par exemple lorsqu’il changeait de marque de raquette, que son nouveau modèle soit moulé à l’identique du précédent…

Nike Air Tech Challenge 2 swapée avec une semelle de Nike Air Trainer 1

Autre exemple illustrant sa quête de performance, il décida de « sole swaper » (remplacer une semelle par une autre) sa Air Tech Challenge 2 dotée de la récente technologie Air Max, au motif que la semelle était trop haute et qu’il perdait des sensations par rapport à son jeu, qui était basé sur des déplacements longs et latéraux. Il voulait une semelle plus proche du sol pour avoir plus de sensations, et il opta pour le profil de la semelle de la Trainer 1 pour jouer sur la terre battue de Rolland Garros. Il poussa le vice jusqu’à réclamer différentes outsole en fonction des différents revêtements : herbe, synthétique, etc… à une époque où les tennismans avaient généralement deux paires différentes, une pour l’herbe et une pour la terre battue. Agassi n’en était pas à son coup d’essai, il avait déjà effectué la même adaptation sur la précédente ATC 1, comme de nombreuses photos l’attestent ; et encore avant elle, il avait déjà effectué la même modification sur sa Trainer 1, alors que ni Matt Wilander ou John Mc Enroe, chaussés du même modèle n’avaient exigé ce type de changement.

Agassi ne porta la Hot Lava que quelques mois, notamment pour Rolland Garros, et il bascula sur la ATC3 pour Flushing Meadows.

Le Hot Lava sera décliné sur une collection de vêtements et tenues créées spécialement pour Agassi. Elle sera soutenue par un marketing plus poussé. Précédemment, chaussé des ATC1, il jouait avec un short en jean et un tee shirt blanc uni avec un logo identique à celui de Mc Enroe. Il portait également une veste en jean, mais ne bénéficiait pas d’une collection complète allant du T-shirt, au short, au survêtement, veste et chaussettes ! Le tout soutenu à grand coups de spots publicitaires déjà très décalés pour l’époque et de parutions presse. Nike le signa pour un contrat de 100 millions de dollars sur 10 ans.

Crédit Photo: vieilleecole

Le trublion atypique et chevelu de la scène tennistique, starifié se voyait doté de collections dédiées, exigeant désormais un colorway différent pour chaque tournoi du Grand Chelem. Il clouera définitivement le bec à ses détracteurs, en devenant le seul joueur de l’histoire à avoir remporté les 7 titres les plus prestigieux du tennis : les 4 tournois du Grand Chelem sur 4 surfaces différentes, les Masters et la médaille d’or olympique à Atlanta en 1996. Pas mal pour le kid de Las Vegas qui était classé à la 610 ième place ATP à ses débuts….

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