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De la sneaker au graphisme…

Bonjour Alexis, présente-toi en quelques mots
Bonjour à tous et merci pour la tribune que vous m’accordez. Je suis Alexis Billy aka MiZAl Touch Concept, j’ai 34 ans, je suis graphiste de profession, j’habite et travaille à Paris depuis 5 ans. J’officie aussi bien dans la photo, l’illustration, la peinture et depuis presque 10 ans j’opère en tant que graphiste photo-monteur.

Pour ceux qui ne connaissent pas ton travail, peut-on dire que tu es passionné de sneakers et que le graphisme et cette passion sont interconnectés dans ton travail? Explique comment en es-tu arrivé là?
Je suis venu au graphisme pour assouvir un besoin de création permanent. J’ai eu la chance de pouvoir en faire mon métier. Ma passion pour la Sneaker a littéralement explosé en 1992 grâce aux JO de Barcelone et la légendaire Dream Team. Charles, David, Scottie, Patrick et surtout l’irremplaçable Sir Michael Jordan. C’est à partir de 2004 que ma passion pour la Sneaker a réellement pris toute sa mesure lorsque je suis rentrée dans la vie active. Mes premiers salaires m’ont payé mes premières paires. Aujourd’hui la basket est une source de création, comme d’autres artistes tels que Dave White, Davo Howarth, Naturel ou bien Karim le H. C’est une question de génération je pense.

Tu réalises un travail de photo-montage numérique avec un rendu graphique assez saisissant. Cela peut-il expliquer le côté déconstruit de certaines de tes œuvres? Comment définirais-tu ton travail ou puises-tu ton inspiration?
Mon travail de photo-montage résulte d’une envie de concevoir des visuels vivants, imparfaits comme une vieille mécanique où le superficiel n’a pas de place. Le travail de la photo comme matière première permet d’obtenir ce rendu graphique. Mon autre passion pour les robots est une grande source d’imagination. Pour la série MEKA BOT et MASK ID, j’ai puisé mon inspiration dans la Pop culture avec des films comme Pacific Rim ou Real Steel, des films d’animation comme Gundam, Goldorak, Wall-e. Tout ce qui a un rapport au monde des robots enrichit mon univers graphique. Pour mes dernières créations sur le thème des Air Jordan c’est pareil. Même si la technique est différente, je cherche à créer des visuels texturés, dynamiques, j’évolue dans une recherche de dématérialisation visuelle esthétique.

Chacune de tes œuvres semblent raconter une histoire avec une multitude de détails. Réfléchis-tu à l’avance à une mise en situation de tes visuels?Chaque création est l’aboutissement d’une réflexion dans laquelle plusieurs contraintes comme le thème, les couleurs, le support sont pris en compte dans ma démarche artistique. Lorsqu’il s’agit d’une commande, certaines contraintes peuvent être soumises par l’acquéreur. Pour le tableau de la Air Jordan 7, le thème et les couleurs m’étaient imposés. Il n’y a pas beaucoup de place pour l’improvisation. J’ai remarqué que la plupart des œuvres en rapport avec l’univers de la basket, la représentent de profil. Le design de la Air Jordan 7 est tellement parfait que chaque point de vue est riche en graphisme. J’ai donc trouvé une disposition qui permet de voir trois facettes de la basket. L’histoire, avec la multitude de détails, c’est surtout dans ma tête que ça se passe. Je réfléchis beaucoup avant la conception, pendant la réalisation et des fois bien longtemps après. Parfois même certaines de mes créations restent inachevées tant que je n’ai pas trouvé le dénouement de l’histoire que je me raconte.

De nos jours, on utilise beaucoup l’ordinateur et des logiciels comme Photoshop de manière abusive. Ne trouves-tu pas que cela a pour effet d’entrainer une certaine distorsion du réel? Ne sommes-nous pas devenus des consommateurs passifs du réel?
Ca ressemble bien à un sujet de Philo ça!!! Le réel est-il une preuve d’authenticité? La perfection est-elle une fiction? “Et si on essayait avec deux trois bidouilles et un flou gaussien de s’approcher de la perfection, on vendra du rêve.” Alors je ne sais pas si nous ne sommes pas devenus des consommateurs passifs du réel mais beaucoup d’entre nous dorment profondément. Je ne jette pas la pierre, moi perso j’ai besoin de mes 8 heures de sommeil par jour… Plus sérieusement la retouche abusive d’images destinées à informer, vendre ou divertir envahit les médias. Effectivement je pense que cela a pour effet de créer un écart de perception entre la réalité et la fiction. La quête de la perfection et de l’extraordinaire conduit à rendre le consommateur esclave d’une vision biaisée de la société de consommation. Il ne tient qu’à nous de savoir faire la part des choses et de travailler son sens critique. C’est un exercice de tous les jours pour éviter d’être un consommateur passif du réel. J’ai bon?

Es-tu fan de sneakers? Par quel biais es-tu venu à la Sneaker (le sport, la curiosité du moment) Fan de sneakers?
Affirmatif depuis plus de 20 ans. Sauf qu’à l’époque il était inconcevable pour mes parents de mettre 1000 Francs dans une paire de chaussures destinée à faire du sport. Ce qui a certainement eu pour conséquence de créer un sentiment de frustration, de ne pas pouvoir posséder des merveilles qu’étaient les Air Jordan, Reebok Pump, LA Gear, BK, Ewing… À l’époque pour assouvir ce besoin d’acquisition, je découpais les images de baskets dans les catalogues style La Redoute. Je les collais dans un cahier destiné à recenser les différents modèles. Je me contentais de ça… Il y avait aussi le fait que j’étais le plus petit d’entre mes potes, alors je récupérais leurs baskets qui étaient devenues trop petites pour eux. Je prolongeais leur espérance de vie. Comme je l’ai dit plus haut, mon entrée dans la vie active m’a permis d’acheter des modèles mythique comme par exemple la Nike Air Raid Urban Jungle ou la Reebok Omni Lite Dee Brown. Aujourd’hui je dois avoir une soixantaine de paires pour lesquels je voue une sincère admiration de conception et d’esthétisme.

Te souviens-tu de ta première paire?
Ma première paire était une Nike Air Trainer Huarache achetée en solde à Décathlon. Mais je pouvais la porter uniquement pour jouer au Basket-ball le mardi soir dans l’unique club de ma ville. Mais bon ; Je m’arrangeais toujours pour pouvoir la mettre les jours d’EPS au collège. C’était une éternelle négociation avec mes parents pour pouvoir la porter le plus possible.

Qu’est-ce qu’une Sneaker pour toi? Un objet utilitaire, du design populaire ou un accessoire de mode…
Pour moi la sneaker est bien plus qu’un accessoire vestimentaire, c’est un marqueur historique et esthétique, témoin d’une période, d’une époque qu’on se doit de faire vivre. Je suis partisan du Rock Don’t Stock parce que je souhaite profiter de cette passion et la faire partager au plus grand nombre. Entre connaisseurs, on se remémore son histoire par exemple la sortie récente de la Nike Air Command Force, nous a rappelé à tous le film “Les Blancs ne savent sauter”, le modèle était porté par Woody Harrelson alias Billy Hoyle en 1992. Pour les novices c’est un moyen de faire connaître et d’enrichir leur culture sneakers.

Pourquoi existe t-il un tel engouement pour la basket de nos jours?
L’engouement pour la basket de nos jours est dû aux besoins d’identification et d’appartenance des nouvelles générations par rapport à leurs ainés et leur entourage. Je ne pense pas que la génération 80 et les générations X ou Y ont la même approche de la sneaker. Autant les trentenaires ont un rapport nostalgique à une période donnée, autant les plus jeunes sont plus dans une démarche d’acquisition de modèles tendances, de posséder une paire limitée, sans prendre en compte le côté historique de la chose. Personnellement je pense que la quête de la tendance et le besoin de posséder ce que l’autre n’a pas, nuit à certaines marques comme les Air Jordan. Et je ne parle pas du resell ni de la stratégie de rareté de certaines marques. Tout comme Lacoste dans les années 90. Trop de Jordan tue la Jordan. Dommage.

Le mot pour la fin…
Rien à voir mais je voulais faire partager l’action de l’ONG Sea Shepherd, vouée à la protection des créatures marines depuis 1977. Elle engage de nombreuses actions pour dénoncer la destruction de la faune marine et la surpêche et sensibiliser le public. Plus particulièrement, Sea Shepherd agit contre la chasse à la baleine, aux phoques, contre la pêche aux requins et contre l’usage des filets dérivants. Si ce sujet vous intéresse voici un lien vers leur site français : http://www.seashepherd.fr. Merci Sneakers Culture et rendez-vous sur mes pages Facebook pour découvrir les différentes facettes de mon travail.

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S.A

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