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L’incroyable sole swap de La ATC2 d’Agassi par ILLCLAWS

Jérémie (ILLCLAWS) nous a accordé un entretien suite à sa réalisation du modèle swappé d’une Nike Air Tech Challenge II sur une semelle de Nike Air Trainer 1, modèle hommage à celui porté par Andre Agassi lors du tournoi de Roland Garros en 1990.

Tu as récemment réalisé un sole swap sur une Nike ATC2 montée sur une sole de Nike Trainer 1? Peux-tu nous en dire plus sur ce projet ?

Les Air Tech Challenge 2 sont une de mes paires préférées. Au niveau de leur design, elles correspondent bien au style des modèles de nike de ma période de prédilection, fin 80 début 90. Elles ont des similitudes avec des Jordan 3, des air Stab notamment.

Je cherchais à faire un swap hybrid en me basant sur le upper de ce modèle. Après avoir démonté une de mes vieilles paires, j’ai pensé dans un premier temps les swapper avec une midsole de jordan 3 ou 4 mais le résultat aurait fait un peu étrange…

Du coup j’ai commencé à faire quelques recherches en fouillant dans mon inventaire et je suis tombé sur mes paires de Nike Air Trainer 1 et 3. Je me suis rappelé qu’à l’époque les Trainer 1 étaient portées par John McEnroe avant que les modèles suivants de Trainer ne soient les paires signatures de Bo Jackson.

En cherchant des photos sur le net, j’ai trouvé des images d’André Agassi au tournoi de Roland Garros en 1990, avec la panoplie complète hot lava et j’ai remarqué qu’il portait bien des Air Tech Challenge 2 mais qu’elles avaient une semelle d’Air Trainer 1. J’ai donc décidé de faire un paire “hommage” car ce modèle n’a jamais été commercialisé.

La première étape a été de trouver les 2 paires sur le marché de l’occasion ce qui a été assez facile car ces 2 modèles sont extrêmement sous côtés, même si par exemple la semelle des Air Tech Challenge 2 a été utilisée comme base pour les Nike Air Yeezy 2. Je suis donc parti sur une paire de Nike Air Tech Challenge 2 “Hot Lava” de 2014 et une paire de Nike Air Trainer 1 Low “Safari Chlorophyl” de 2015, en faisant attention au sizing.

L’étape suivante a été de décoller les upper des soles. Sur la paire de Trainer, pas de problèmes, même pas 10 min (défaisage des coutures inclus). Par contre, les Air Tech ce ne fut pas la même histoire. Les paires qui n’ont pas de coutures sont toujours plus difficiles à décoller surtout quand l’outsole remonte sur la toe box.

Ensuite, il a fallu enlever les résidus de colle pour que la nouvelle couche de colle prenne bien. Cette longue et nécessaire étape effectuée, j’ai pu procéder au collage des upper de Air Tech au sole de Air trainer. Les 2 paires s’emboîtaient parfaitement.

Après avoir fait les coutures de l’outsole à la toe box, je pouvais passer aux finitions esthétiques. J’ai finalisé la paire en repeignant le liseré noir de la semelle de l’Air Trainer en gris clair comme sur le modèle original d’Air Tech Challenge. Le rendu définitif est très proche du modèle que portait Agassi à Roland Garros.

Tu as déjà utilisé le sole swap à de nombreuses reprises, cependant explique nous pourquoi tu as voulu refaire à l’identique la paire que le tennisman André Agassi avait swapée en 1990 lors du tournoi de Rolland Garros ? Est-ce pour te souvenir de ce moment précis ou pour affirmer que le sole swap était une pratique répandue dans certains sports ?

Pour répondre à ta question, je dirai un peu des 2.

Agassi en 1990 c’est l’apogée du tennis, un des sports numéro 1 au niveau mondial. Il a bousculé les standards de l’époque, le milieu du tennis étant assez classique voire conservateur avec essentiellement des tenues blanches. Il est apparu comme un bad boy, avec un style de surfeur californien un peu destroy, portant un mulet, “business in the front, party in the back” … En lançant sa ligne, Nike a en quelque sorte appliqué le même schéma qu’avec Jordan, utiliser des coloris “interdits” à grand coup de marketing. Pour moi Agassi est un peu le “Jordan du tennis”, il est arrivé et a changé la donne et les mentalités dans son sport. Recréer ce modèle est un hommage à un tennisman de légende et au grand tournoi de Paris, chauvinisme oblige!

Utiliser le soleswap pour recréer des modèles rares ou uniques, voire des prototypes, est quelque chose de motivant. Cela permet d’avoir un modèle différent mais surtout de comprendre pourquoi ce choix a été voulu. Dans ce cas précis, bien que la sole d’une Air Tech Challenge 2 soit très confortable avec un très bon amorti, celle d’une Air Trainer 1 est plus légère et amortit encore mieux. C’est probablement dû à la forme de la bulle en question, car sur une Air Trainer elle est en nid d’abeille comme c’est remarquable sur la photo alors que celle d’une Air tech est différente car elle est visible. D’ailleurs le fait qu’elle soit apparente doit créer un manque de stabilité dans les mouvements latéraux comme ceux effectués dans le tennis en général.

Le soleswap pour créer des paires hybrides est une technique que Nike utilise depuis des années. Beaucoup diraient que les premières paires hybrides sont apparues vers 2005 avec différents modèles de Jordan, Dub Zero et compagnie, mais personnellement je dirais que cela date de bien avant. Rien qu’en 89, Nike avait utilisé les mêmes midsoles pour les Air Jordan 3 (88) et les Air Assault.

Déjà à cette époque, Nike a posé les bases d’une tendance qu’ils utilisent à foison aujourd’hui comme on peut le voir avec les Sean Wotherspoon et tous les autres modèles d’air max ou de Jordan hybrides disponibles dans leur catalogue. C’est tout bénéfice pour eux car les coûts de design et de production sont beaucoup moins importants … faire du neuf avec du vieux, le recyclage selon Nike.

Tu as déjà utilisé le sole swap à de nombreuses reprises, cependant explique nous pourquoi tu as voulu refaire à l’identique la paire que le tennisman André Agassi avait swapée en 1990 lors du tournoi de Rolland Garros ? Est-ce pour te souvenir de ce moment précis ou pour affirmer que le sole swap était une pratique répandue dans certains sports ?

J’ai fait un peu de tennis pendant ma jeunesse avant de passer au basket. Il faut le dire, le basket à l’époque n’était pas aussi médiatisé qu’aujourd’hui. Dans les années 90, le tennis était incontournable. La majeure partie des stars avaient leurs modèles ”signature”, et ce quelles que soient les marques, les Adidas Torsion de Stefan Edberg, les Reebok Pump Court Victory de Michael Chang, etc….

Les marques ont innové et pas seulement dans l’univers du footwear, comme par exemple Nike qui a recyclé le cuissard, jusqu’alors réservé au cyclisme, en l’incorporant à un short en jean pour la ligne Agassi.

Au niveau du lifestyle c’est indéniable que le tennis a apporté beaucoup. Une des marques les plus présentes sur ce milieu est Adidas. Des nombreux anciens modèles ”signature” de cette marque sont aujourd’hui des classiques, surtout en France comme le montre l’engouement pour les Stan Smith. Quasiment tout le monde a ou a eu une paire de Stan Smith dans sa rotation.

Après d’autres marques ont réussi à émerger et même dépasser le cadre de leur spécialisation “tennis”, comme par exemple la marque italienne FILA qui finira même par faire des modèles de sneakers pour le basketteur Grant Hill.

Il ne faut pas oublier aussi que le tennis a démocratisé le port du polo, l’alternative classe au tshirt, la mode du casual chic ”so british”.
Des marques “haut de gamme” ont alors tiré leur épingle du jeu comme Lacoste ou Ralph Lauren, ce qui leur a permis de s’inviter sur le marché du streetwear alors qu’avant elles étaient plutôt cantonnées à une clientèle aisée.

Aujourd’hui sans le boom du tennis dans les années 90, je ne pense pas qu’elles seraient aussi présentes dans la mode lifestyle. Le tennis a en quelque sorte rapproché deux univers opposés, la bourgeoisie et la rue. Grâce à ce rapprochement, de nombreuses collaborations entre des marques de sport et des marques de luxe ont pu voir le jour comme la collection Louis Vuitton Supreme, Prada et Adidas, et la dernière en date qui fait beaucoup parler d’elle en ce moment Jordan et Dior.

Retrouvez les dernières réalisations de ILLCLAWS sur son compte instagram @illclaws et sur Facebook /illclaws.

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