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Band of Brothers

Band of Brothers Part 46

Dans la rubrique Band of Brothers nous donnons la parole à des amateurs de sneakers, pour cette quarante sixième interview express, Soly a des choses à vous dire…

Bonjour Soly, présente toi en quelques mots ?
Sylvain aka Soly ( hé oui Soly n’est pas mon vrai prénom, désolé de vous décevoir), la trentaine, gérant-manager de FatCaps Tattoo à Caen, co-organisateur de la Convention de Tatouage T-DAY à Caen, passionné de tatouage, d’arts en tout genre, avec une grande préférence pour les arts graphiques traditionnels japonais, et pour couronner le tout grand passionné de Sneakers biensûr.

Par quel biais es-tu venu à la sneaker (le sport, la curiosité du moment…) ?
J’ai pris une claque en 1992 aux JO de Barcelone. Je jouais au basket au Collège, mais là je me retrouve devant ma télé à voir des hommes qui volent dans les airs. Spectacle magnifique que nous avait offert lors de ces JO la « Dream Team ». Forcément je me suis dit que cela ne pouvait venir que de leurs chaussures, et l’un des joueurs m’avaient particulièrement marqué, Michael Jordan. En plus du Basket Américain, ensuite c’est la « Street Culture », la culture Hip Hop qui n’ont fait que confirmer mon attirance pour les baskets. Car oui à l’époque on peut dire qu’on utilisait principalement 2 termes pour différencier les chaussures de sport : les baskets et les tennis (Baskets à tige moyenne ou haute et les tennis à tige basse). Et puis clairement dans les années 80/90 il y avait ceux qui portaient les chaussures de ville vernies, ou les mocassins avec les petits glands, et ceux qui portaient des chaussures de sport. J’ai toujours fait partie de la seconde catégorie à partir du moment où j’avais plus de liberté concernant le choix de ce que je pouvais mettre à mes pieds. Une attirance qui ne s’explique pas, ou peut être juste par le confort bien plus appréciable que propose une basket par rapport à une chaussure de ville.

Tu sembles brandir comme un trophée la Nike Air Force 1 Livestrong x Mister Cartoon. As-tu une histoire particulière avec cette paire? Pourquoi ce choix ? Qu’apprécies-tu dans ce modèle ?
Cette paire je l’ai choisi pour de très bonnes raisons. Tout d’abord ma très grande passion, mon amour, ma faiblesse pour ce modèle mythique qu’est la Air Force 1 (modèle créé en 1982, plus grosse vente de Nike sans jamais avoir eu besoin d’en faire aucune publicité, pour la petite précision). À partir du moment où j’ai connu ce modèle (aux environs de 1995/1996 si ma mémoire est bonne) je l’ai tout de suite apprécié, très grand confort, design assez simple, paire assez passe partout, que ce soit en version low ou mid. Donc j’ai toujours eu en ma possession quelques paires d’AF1, même si ma vision s’était décalée vers les modèles Air Jordan. Il y a quelques années, et je m’aperçois que les années passent bien vite d’ailleurs, j’ai fait la connaissance d’une personne que tout le monde connait dans le « milieu sneakers », Psy Chotik, et on a parlé Air Force 1 ensemble. J’avais eu l’occasion à de multiples reprises de voir sur les réseaux sociaux les photos de ses paires.

J’ai pris une deuxième claque, j’avais l’impression de littéralement redécouvrir un modèle que j’appréciais déjà. Des modèles issus de collaborations avec des marques ou des personnalités (designers, graffeurs, Djs, Mcs …) d’horizons totalement différents, l’utilisation de matériaux de fous etc etc. Pour en revenir à ce modèle précis, je suis un passionné de tatouage depuis que j’ai 15/16 ans, Mister Cartoon est un Artiste Tatoueur pour qui j’ai une énorme admiration, il est clairement celui qui a remis le travail du Lettrage « Latino » sur le devant de la scène ainsi que tout l’art du Tattoo Black & Grey Chicanos, qui avait connu son essor dans les prisons de Californie. Ce modèle est pour moi la définition même de ce que le modèle Air Force 1 de Nike peut être : le support de l’expression d’un Artiste. La possibilité infinie pour les artistes de s’exprimer que ce soit par les motifs apportés sur le modèle et par les possibilités de les « imprimer » (laser, coutures, imprimé, peinture etc), le choix des matériaux ( des cuirs divers et variés, du textile, du denim, du 3m, de l’elephant print etc etc). Tout est personnalisable à volonté sur ce modèle et chaque paire peut devenir une véritable « œuvre d’art » que l’on pourrait exposer dans un musée. Et Nike l’a très bien compris en relançant depuis quelques années son programme iD Premium sur les Air Force 1 et le must du must le programme Bespoke au 21 Mercer Street, NY. Être passionné d’AF1 c’est une quête de tous les jours, une wishlist interminable tant il y a de modèles que je désire avoir, certains très durs à trouver. Il faut savoir être patient, se fixer certains buts, toujours être à l’affût.

Te souviens-tu de ta première paire?
La première paire qui m’a marqué, en fait, c’est dû à une certaine forme de déception. Je voulais absolument une paire de Reebok Pump Blacktop Battleground. La paire était trop chère pour ma mère, et nos mères ont toujours de très bons arguments (ton pied va grandir, tu ne les mettras même pas 1 an etc etc). Donc j’avais demandé pour Noël cette fameuse paire de Pump. Et quand j’ai ouvert le paquet qui me semblait avoir une forme de boite de chaussures, j’ai découvert une boite avec le logo Nike. Quelque peu déçu, je venais de recevoir une paire de Nike Air Icarus dans son colorway Infrared. Ce devait être en 91 ou 92. Et une autre paire m’a énormément marqué, sûrement la paire que j’ai le plus porté dans ma jeunesse, une Nike Air Raid 2 « One World One Team » by Spike Lee. J’ai retrouvé une paire il y a de ça 5 ans, elle a tenu à peine 20min à mes pieds, mais 20 minutes de pur bonheur et de pure nostalgie.

Es-tu un collectionneur ou un passionné ?
Si je prends du recul sur moi-même et que je m’analyse un court instant, je pense pouvoir dire que je suis un passionné avant toute chose. Un passionné qui porte chacune de ses paires, qui apprécie chacune des paires qu’il achète, se tient au courant de tout ce qui se passe dans le monde des sneakers, même si je fais de plus en plus de tri tant le flux d’infos et de releases est dense ces quelques dernières années. Quand je reçois un colis, j’aime découvrir la paire l’inspecter, la regarder sous toutes les coutures, pour certaines paires passer vraiment du temps à regarder le moindre détail. Et vraiment une chose dont je suis extrêmement fan, c’est la réelle odeur d’un vrai cuir en ouvrant la box. Et ces derniers temps il n’y a qu’avec des AF1 que j’ai ressenti ce bonheur. J’ai du mal à me considérer comme un collectionneur. La définition que je me fais du collectionneur c’est la volonté d’avoir tout ce qui est sorti sur un ou plusieurs modèles bien précis, avoir tous les colorways OG des Jordan du modèle 1 à 14 ou je sais pas toutes les Nike Air Max 1 par exemple. Et puis le collectionneur je l’envisage comme quelqu’un qui mettrait une majorité de ses paires sous vitrines ou autres modes d’exposition. Ma devise concernant les sneakers est simple « Rock Don’t Stock ». Ce qui ne m’empêche vraiment pas de pouvoir considérer certaines paires comme de véritables objets d’art. Et c’est le même principe pour les tatouages que je porte. Je les considère chacun comme une pièce d’art que je porte sur moi plutôt que de les avoir accrochés aux murs de mon appartement.

Le Hip hop et basket-ball ont toujours été des univers très fusionnels en ce qui concerne les sneakers ? Comment expliques-tu la genèse de ce phénomène ( cette transversalité) ?
Il n’y a rien de plus naturel que ces 2 univers soient liés et se rejoignent autour de la sneakers. Le Hip-Hop et le Basket-ball sont tous les 2 nés dans la rue. Et le style vestimentaire de la rue a toujours eu pour point commun les sneakers. Run DMC avec son morceau « My Adidas » et la collaboration qui s’en est suivie avec Adidas était un point de départ à l’époque de quelque chose de nouveau. En terme de sponsoring et de communication, les marques ne se sont plus seulement cantonnées à rester dans le milieu du sport, elles ont élargies leur champ d’action en faisant de certains artistes du milieu Hip Hop leurs représentants. Dans tous les clips de rap, je me rappelle que je faisais très attention à ce que les rappeurs avaient à leurs pieds. Nombre de ces clips ont au moins une séquence sur un playground. Et dans l’autre sens, on a aussi connu un bon nombre de joueurs NBA s’essayer au rap. Certains s’en sont sortis mieux que d’autres (lol). Le Hip Hop est devenu un vecteur communicatif très important pour les marques, ce qui explique certainement les collaborations multiples avec des artistes Hip Hop.

Et si on parlait de recel… Penses-tu qu’il permet quelquefois de mettre la main sur des paires impossibles à avoir chez les distributeurs ou en boutiques ? ou le considères- tu comme néfaste ?

C’est un vaste sujet. Le Ressell a plusieurs formes selon moi. Il y a la personne qui a acheté une paire il y a bien longtemps, qui a porté cette paire une fois ou plus , ou pas du tout porté, et qui plusieurs années plus tard se décide à la revendre. Dans ce cas oui clairement ce type de revente permet de faire l’acquisition d’une paire que l’on avait pas pu acheter à l’époque de la release, parce que pas les moyens ou parce que la release était uniquement faite hors Europe. Depuis quelques années, et pas tant d’années que ça, on voit très régulièrement des modèles qui finissent sold out en moins de 10 minutes que ce soit en boutique ou via les stores online, parce qu’il y a un nombre très important de personnes qui achètent dans l’unique but de revendre directement après chaque release. Ce business s’est développé presque d’une façon affolante, attirant même des personnes qui à la base ne sont pas du tout intéressées par les sneakers. Ce qui peut se comprendre, même si c’est un cas très rare, quand une paire achetée 220€ peut se revendre plus de 1500€.

Ce que je peux trouver dommage, c’est que ce « système » empêche certains de pouvoir acheter au retail une paire qu’ils voulaient vraiment porter, les obligeant soit à faire une croix dessus, soit à sortir minimum 50€ de plus pour les avoir et ce quasiment quelques heures seulement après la release. Mais au delà de ça, ce que je peux trouver néfaste c’est que certaines enseignes puissent être « complices » de tout cela. On en a eu quelques exemples dans le passé sur certaines releases. Et puis il ne faut pas croire que les dirigeants des marques n’ont pas un œil sur tout ça, ils voient bien à quels prix les paires peuvent partir dans le « marché parallèle », cela ne peut que les inciter à continuer encore et encore à augmenter le retail des paires futures.

Qu’est-ce que la culture sneaker selon toi ?
J’aurai tendance même à dire LES cultures sneakers. Plus on cotoîe de personnes dans ce grand monde des sneakers addict et plus on prend conscience que chacun a son propre parcours, un background différent, des goûts qui ne sont pas les mêmes que l’autre qui est juste à côté et pourtant avec qui on partage une passion commune. J’aime justement cette diversité dans la communauté. Certains vont vouer une passion uniquement pour les modèles signature de Kobe Bryant, d’autres ne voient que par les running etc etc. Le dénominateur commun qui nous unit tous, c’est bien cette chaussure de sport sous toutes les formes qu’elle peut avoir. Cette chaussure de sport que l’on aime avoir aux pieds en toute condition. Et savoir ce que l’on a aux pieds, pourquoi on a tel ou tel modèle aux pieds, pas juste avoir telle paire parce qu’il paraît que c’est la paire qu’il faut avoir. La culture Sneaker c’est la connaissance, la recherche, l’envie d’en savoir plus. Être capable de rechercher pendant plusieurs mois, plusieurs années une paire bien précise parce qu’on sait ce qu’elle représente pour nous et qu’il y a une envie qui nous démange : l’avoir entre ses mains et ensuite l’avoir aux pieds.
Ce qui m’intéresse vraiment le plus c’est l’échange et le partage qui émanent de toutes ces facettes de la culture Sneaker.

Le mot de la fin ???
« Rock Don’t Stock », achetez vos paires, portez vos paires, aimez vos paires, aimez-vous les uns les autres parce qu’après tout « c’est que des chaussures ». Merci à l’équipe de Sneakers Culture de permettre à des passionnés de s’exprimer sur le sujet, merci à tous ceux qui font quelque chose dans ce milieu et pour cette culture (les events, ceux qui customisent ou rénovent, les différents groupes ou les pages sur les réseaux sociaux), merci à tous ceux avec qui je partage de bons échanges dans la communauté et merci à La Poste quand la livraison se fait en temps et en heure. Et enfin bon courage et respect à tous ceux qui campent des nuits entières pour acquérir une paire.

Crédit photos: Babylon

S.A

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